La véritable histoire depuis ses origines…
Ce projet de formation de guides jordaniens au tourisme d’aventure remontent à la fin des années 1980.
Il n’existait alors aucun corps constitué de guides, que ce soit au niveau touristique, culturel ou sportif.
Le premier véritable “statut” de guide professionnel a émergé à Wadi Rum, lors de la formation de trois bédouins de la tribu des Al Zalabiah par l’école national de ‘Outdoor’ de Plas y Brenin, au pays de Galles en Grande Bretagne. C’était sous la houlette de Tony Howard et Diana Taylor (devenue Diana Howard).
Ataeq Odeh, Sabbah Eid et Sabbah Ataeq furent les heureux élus, enthousiastes et talentueux.
Vaguement reconnu comme professionnels avertis par les autorités, aucune suite ne fut donnée à cette initiative pourtant salutaire, sinon indispensable.
Les guides de montagne bédouins suivants ont alors officié durant bien des années sans reconnaissance formelle par l’état jordanien.
Il en fut de même pour toutes les opérations de secours dans les montagnes, majoritairement assumées par les autochtones, seuls à même d’être capable d’extirper les victimes de ces reliefs complexes, voir dangereux. S’engageant à titre gracieux dans ces opérations souvent délicates, il n’en reçurent que rarement reconnaissance ou remerciements.
Ce n’est qu’en 1998 que nait l’association des ‘Jordan Tour Guides’ – J.T.G.A. – totalement dédié à l’encadrement, à l’information culturelle et historique auprès des touristes, avec plus de 1200 guides et 32 langages parlés. Cette association s’est tout naturellement développée et devint rapidement le seul organe officiel reconnu par l’état, sans en être toutefois l’émanation directe.
Puis vinrent s’ajouter des licences locales permettant à des “guides” locaux d’officier en toute légalité (Petra, Wadi Rum, Chateau de Kerak…).
Et bien sûr, des sociétés privées, comme celle de la R.S.C.N. ‘Royal Society for Conservation of Nature‘ formèrent leurs propres cadres en toute indépendance.
Mais comme déjà dit, la demande originelle d’une reconnaissance par l’état pour l’encadrement du tourisme d’aventure, donc potentiellement à risque, trouve son origine à Wadi Rum.
Les bédouins, ponctuellement ou régulièrement actifs comme guide dans leurs montagnes, profitèrent assez rapidement d’une reconnaissance informelle de la part des guides de montagne occidentaux, parmi lesquels pas mal de célébrités.
La relève était là, avec les Mohammed Hammad, Omar Odeh, Mussalam Sabbah, Talal Awad…
Et les amis de Tony Howard reprennent le flambeau. Moi-même et Bernard Domenech – de la Société des Guides du Désert-The Desert Guides Society, Philippe Brass et Gilles Rappeneau accentuons les demandes aux autorités pour créer un diplôme de guide, similaire à ceux que l’on trouve partout dans le monde.
Tout ceci dépend donc de l’écoute des autorités, et plus principalement du Ministère du Tourisme et des Antiquités, en charge des activités touristiques. Mais celui-ci resta dans l’incapacité à financer un pareil projet, en cause surtout les changements incessants de gouvernements.
Après bien des péripéties et d’espoir soulevés, après deux tentatives de s’accorder avec USAID, très présent dans le pays, j’étais en passe d’abandonner…
Jusqu’au jour où un bon ami à moi vint réactiver notre projet devenu commun, car quelque chose semblait bouger dans ce domaine. C’était Hakim Tamimi, devenu entre temps responsable du “Tourisme d’Aventure” au sein du Jordan Tourism Board, ou JTB, officine d’appoint et de communication du Ministère du Tourisme.
Les choses se précipitèrent car l’intérêt de l’ambassade de France pour un tel projet d’envergure fut le moteur essentiel pour concrétiser l’affaire. Ce sont Sophie Bel, conseiller de coopération et d’action culturelle, et Catarina Sabatini, attachée de coopération, qui permirent la maturation du projet et la levé des fonds nécessaires à travers le ministère des affaires étrangères en France (le fameux Quai d’Orsay à Paris). Et du côté jordanien, bien sûr, grâce à Hakim Tamimi, mais aussi et surtout grâce à la première oreille attentive à ce tourisme émergeant qu’est le ‘tourisme d’aventure”, Madame la Ministre du tourisme elle-même, Lina Mazhar Annab.
Suite à la structuration des cursus prévus pour la randonnée, le canyonisme, l’escalade, la montagne, etc., élaborés avec Hakim à Amman, Jean-Sébastien Knoertzer de l’ENSA et Andy Perkins, guide britannique établi à Chamonix et vieux pote du temps où je grimpais avec Tony Howard en Grande Bretagne, il était temps de passer à l’action.
La vraie cheville ouvrière de ce projet complexe fut, et est encore à présent, Neil Brodie, un autre prof de l’ENSA, d’origine écossaise. C’est avec lui que nous avions monté à toute vitesse le dossier en réponse à l’appel d’offre de l’USAID en 2017/18. Pour postuler il fallait d’abord être américain ou jordanien… Ce qu’il nous était impossible de devenir en quelques jours…
Alors, utilisant notre réseau de guides à travers le monde, et avec l’aide précieuse de Nancy Bouchard-Pritchard, nous avons créé une entreprise américaine en près de 24 heures grâce à notre collègue guide américain, Michael Silitch !
Mais cela n’a pas suffit. Pour ce qui nous a paru être d’obscures raisons, notre dossier n’a pas été retenu, malgré la constitution d’un ‘Dream Team’ de formateurs essentiellement sortis des rangs de l’ENSA, mais pas seulement.
Bref, c’est finalement en octobre 2019, qu’ont eu lieu les premières sessions d’examens, avec en plus de Neil et Wilfried, Michel Coranotte et ‘Titi’ Gentet, autres profs de l’ENSA, ainsi que le très efficace organisateur jordanien, Ward Al Muheisen, sans qui tout serait beaucoup plus compliqué.
– obtention d’équivalence pour le ‘Trekking Guide’ par un ‘Confirmation Process‘, en réserve naturelle d’Ajloun.
– sélection des candidats pour la formation des ‘Rock Climbing Instructors’, prévu sur deux niveaux, dans les falaises de Sami’s Cliff et de Irak al Dub (régiuon d’Ajloun).
– examen probatoire de ‘trekking Guide’, auquel étaient incorporés aussi les ‘Mountain Guides’.
Test d’endurance et tests d’agilité dans les montagnes granitiques à l’ouest de Rashdyia, au nord d’Aqaba-Mer Rouge.
– sélection d’entrée pour la formation des ‘Mountain Guides’, dans le Wadi Sulam, en aval de Shaubak.
Les prochaines sessions ont lieu en décembre 2019 – ‘tronc commun aux matières théoriques’, puis sur le terrain à nouveau en février 2020 pour les stages pratiques à destination de tous !
Wilfried Colonna
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